2021
Lire Magazine littéraire - Juin-Juillet 2021
Par Gladys Marivat. Publié en juin-juillet 2021. Guide hors-série.
L'école de la plume
Arrivés en France à la fin des années 1960, les stages de creative writing, très populaires dans les pays anglo-saxons, se multiplient. Chez Gallimard à Paris ou dans une MJC de banlieue, dans une librairie bordelaise ou en visioconférence chez soi, les motivations et les expériences varient.
« Écrire ne s'apprend pas », une vieille rengaine
Alors que les ateliers d'écriture (creative writing) sont une tradition dans les universités américaines depuis la fin du XIXe siècle, notre pays a longtemps fermé la portes à ces pratiques. « Écrire ne s'apprend pas » est une vieille rengaine française, qui ne concerne pas les autres arts. Les choses bougent pourtant dans les années 1960 avec, d'un côté le Groupe français d'éducation nouvelle (GFEN) dans la continuité des idées de Mai 68, et de l'autre, Élisabeth Bing (1934-2017). Cette professeur de français auprès d'enfants en difficulté scolaire et psychique est considérée comme la créatrice des ateliers d'écriture en France, notamment à l'université d'Aix. La méthode Bing de libération par l'écriture fera de nombreux émules, dont Alain André, le fondateur des ateliers Aleph-Écriture en 1985.
Dans les années 1970, les ateliers d'écriture se développent surtout dans le cadre d'actions socio-éducatives ou culturelles. Le parcours de Marc Verhaverbeke en témoigne. Ce diplômé en lettres classiques, qui voulait transmettre « mais ne pas avoir un programme », a commencé dans une MJC avec un groupe d'adolescents de 13-16 ans. Une heure par semaine, ils écrivent avec l'écrivain oulipien Jacques Jouet. À la fin des années 1990, on le retrouve dans le comité d'entreprise d'une banque. « Pendant deux ans, une fois par semaine, sur le temps du midi, j'écris avec des banquiers qui viennent avec leur sandwichs », raconte-t-il.
Atelier d'écriture de La Manufacture de mots, Talence (33).
[…] Les ateliers d'écriture se sont multipliés en France ces dix dernières années. Le tournant est sans doute la création des Ateliers de la NRF par les éditions Gallimard en 2012, l'année de l'ouverture des masters en création littéraire de Toulouse et du Havre, signe d'un changement des mentalités et de la vision de l'écrivain en France. La renommée des intervenants (citons Philippe Djian et Camille Laurens) et le destin de quelques participants publiés par la suite chez Gallimard – telle Leïla Slimani, prix Goncourt 2016 – ont pesé dans le succès de ces ateliers. Enfin, le label « organisme de formation », qui permet une prise en charge par un plan de formation, l'Afdas ou Pôle emploi, a favorisé une explosion de la demande.
Aujourd'hui, il existe de d'innombrables ateliers d'écriture en France, témoins d'un attachement fort au livre et à l'écrit qui le confinement n'a fait qu'accentuer. Ils sont délivrés en présentiel ou à distance, par des associations, des particuliers ou dans des écoles d'écriture comme Aleph ou Les Mots, aux approches différentes. Les intervenants sont des enseignants, des professionnels formés à l'animation d'ateliers d'écriture, ou des écrivains plus ou moins célèbres. […]
Dynamique de groupe… À distance
Quid du partage dans la joie à l'heure du confinement ? […] Et puis il y a les intervenants qui proposaient une offre « à distance » bien avant la pandémie de Covid-19. C'est le cas de Frédérique Anne, qui s'est mise au courriel dès les années 2010 et anime des ateliers d'écriture pour Lire Magazine littéraire. Ou encore La Manufacture de mots, fondée à Talence par Anne Caumes, qui se décline en présentiel, mais aussi avec des ateliers en ligne et des capsules vidéo. Pierre, un humanitaire actuellement en Birmanie, suit tous les ateliers (nouvelles, accompagnement de manuscrits, etc.) depuis 2019. Douze ans que ce nomade écrit. Il recherchait des contraintes « pour libérer son inspiration », un avis professionnel et idéalement un groupe, ce qui paraissait compliqué depuis l'étranger. « Grâce au Covid – oui, j'ai bien dit grâce –, j'ai pu intégrer les groupes via Zoom. Ce que je ne faisais pas durant les premiers mois. Et alors là, quel plaisir ! Rencontrer mes condisciples, découvrir leurs productions, partager les miennes… C'était la seule chose qui me manquait jusqu'alors », confie-t-il. Aujourd'hui, il pense avoir acquis « le b.a.-ba de la narration » et s'apprête à envoyer des textes à des éditeurs.
Les ateliers de La Manufacture de mots s'adressent aux enfants, aux adolescents et aux adultes.
Sud Ouest - Janvier 2021
Par Patricia Delage. Publié le 05/01/2021.
Nouvelle activité à La Manufacture de mots
La Manufacture de mots, association talençaise créée en mars 2005 par Anne Caumes, auteure et spécialiste du monde de l'écriture, s'est installée au fil des ans dans le panorama culturel de la ville. L'association organise chaque année un concours de nouvelles qui connaît un succès grandissant, et propose des ateliers et des stages pour jeunes, ados et adultes. Pour 2021, La Manufacture lance une nouvelle activité, le coaching. « Depuis quinze ans, j'accompagne des personnes dans leurs projets d'écriture, qui sont souvent porteuses d'un projet de vie, d'une problématique à résoudre, d'un obstacle à surmonter, d'un sens à donner à une expérience, d'un rêve à réaliser, d'interrogations et de préoccupations qui leur sont singulières tout en étant universelles. Et c'est tout cela qui, en réalité, va se jouer dans son récit », explique-t-elle.
Huit à douze séances
« J'ai choisi de me former à l'approche narrative australienne, qui part du constat que nous sommes tous des êtres de narration, depuis notre nom et même notre date de naissance. Ainsi, nous sommes constitués de multitudes de petites et grandes narrations, parfois sur des générations, dont certaines sont aidantes et d'autres limitantes. Pour ces dernières, il est possible de réécrire le script et de s'en libérer. Il s'agit d'être l'auteur de sa propre vie et de faire bouger ses lignes »
Anne Caumes multiplie les activités autour de l'écriture avec La Manufacture de mots.
Photo Archives Pa. D.
La créatrice souligne que le coach n'est ni un thérapeute, ni un formateur, ni un consultant, mais un accompagnant. Cette activité s'adresse à des personnes âgées de plus de 25 ans porteuses d'un projet professionnel ou personnel ayant un objectif réalisable en moins d'un an. Elle se déroule en huit à douze séances en moyenne, à raison d'une séance par semaine ou tous les 15 jours, sur place, rue Émile Combes.
Renseignements sur le site www.lamanufacturedemots.fr
Tarif : 90 euros/séance d'une heure. Jusqu'au 31 janvier, de 30 % à 50 % de réduction pour les adhérents 2020/2021 de La Manufacture de mots.